Les trains daignent rarement s’arrêter dans les villes de la taille de Hochfelden. Dans la campagne alsacienne proche de la frontière allemande, il n’est pas rare de voir les mauvaises herbes recouvrir les rails tandis que les gares sont laissées inoccupées, se dégradant lentement.
Pourtant, cette petite ville de 4 000 âmes est accessible depuis Strasbourg en une vingtaine de minutes, avec des connexions toutes les demi-heures, tous les jours de la semaine. Une exception dans la France rurale.
Sans cette ligne ferroviaire, la trajectoire de la Brasserie Meteor aurait pu être tout autre. Quand la ligne Paris-Strasbourg est lancée en 1852, elle s’arrête à Hochfelden et permet à la brasserie de recevoir ses matières premières rapidement tout en distribuant ses bières. À partir de 1855, les brasseries alsaciennes ont même leur propre wagon destiné à la distribution—d’abord une fois par semaine, puis tous les jours.
Aujourd’hui, l’industrie brassicole alsacienne—une région historique pour la culture du houblon et le brassage—et les emplois qu’elle crée dans la région contribuent forcément à conserver la gare de Hochfelden intacte. Brasserie Licorne, l’une des plus grosses brasseries françaises est d’ailleurs installée à quinze kilomètres de là, à Saverne, le terminus du train.
Être bien desservie par les transports en commun ne peut toutefois pas être la seule explication à la longévité de Meteor. Alors que la majorité des 2 800 brasseries recensées ont fermé leurs portes après la Seconde Guerre mondiale, avec seulement 116 survivantes en 1950, Meteor tient bon. Et elle est toujours là, 384 ans après sa création, tenant le titre de plus vieille brasserie française encore en activité.
Il est aussi assez rare de trouver des sites de production de cette taille en pleine ville, mais Meteor brasse bel et bien ses 500 000 hectolitres annuels au cœur de Hochfelden. Son immense silo, décoré du nom de la brasserie en lettres rouges écarlates, est immanquable depuis l’extérieur, donnant à Meteor sa place dans le paysage de la ville.
La salle de brassage tournant jusqu’à sept jours par semaine en période de rush, l’odeur de moût embaumant les rues fait aussi partie de l’atmosphère.
Ces effluves nous guident jusqu’à un imposant portail en métal, s’ouvrant sur une cour pavée, encastrée entre deux impressionnants bâtiments. En son centre, la salle de brassage.
On y fabrique de la bière depuis 1640, quand Jean Klein fonde la brasserie dans ce qui n’est alors qu’une simple ferme et son étable. Une malterie occupe l’emplacement de la salle de brassage moderne, construite en 1959.
Au fil des siècles, l’entreprise grossissant, les terres alentour sont achetées et de nouveaux bâtiments et installations sortent de terre autour de l’ancienne ferme, donnant l’impression d’un patchwork architectural allant du 17e au 21e siècle. Les dernières constructions datent de 2015.
Propriété de la famille Metzger-Haag depuis 1844, Meteor a toujours été indépendante. En tant qu’unique propriétaire, la famille a de tout temps refusé les demandes de rachat. Son nouveau CEO, Edouard Haag, est la huitième génération à gérer l’entreprise familiale, après que ses parents, Michel et Yolande Haag, lui en aient confié les rênes en 2021.
En Alsace, Brasserie Meteor est vue comme une fierté locale : l’expression “Meteor jusqu'à la mort” vient des Alsaciens eux-mêmes et non d’une quelconque agence de communication. Sous l’influence de son nouveau dirigeant, la brasserie explore des chemins inconnus, étend sa cible tout en conservant son produit phare, la Meteor Pils, et s’efforce d’honorer sa longue tradition d’indépendance.
On peut se demander comment Meteor est parvenue à rester debout depuis presque quatre siècles. Hervé Marziou, sommelier bière et expert de l’histoire de la bière en Alsace, souligne la réticence de la famille Haag à faire entrer des investisseurs extérieurs dans l’entreprise.
“S’il n’y avait pas la famille, la brasserie n’existerait peut-être plus aujourd’hui,” estime-t-il.
Le leadership conservateur des Haag permet alors à Meteor de sortir indemne de certaines périodes difficiles, comme lors de l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne, de 1871 à 1919, qui s’accompagne d’une explosion des taxes d’exportation. Ou durant les années 80-90, deux décennies de chute des ventes de bières et de rachats par les multinationales. En tant que dirigeant de 1975 à 2021, Michel Haag explique qu’il a refusé toutes les propositions qu’il a reçues.
“Quand j’ai pris la charge de Meteor, nous étions vingt-et-une brasserie indépendantes et familiales en Alsace,” se souvient-il. “Elles ont toutes fermé ou perdu leur indépendance, sauf nous.”
Edouard Haag admire la résilience de ses parents en temps de crise et confie qu’il a lui-même refusé une demande de rachat il y a tout juste six mois. “Meteor a vécu durant une période où la bière n’était pas populaire,” souligne-t-il. “On a dit à mes parents que leur Pils était trop amère et qu’ils devaient la changer, mais ils n’ont jamais cédé.”
Cet engagement a certainement aidé Meteor à échapper au sort subit par la plupart des brasseries alsaciennes historiques. En 1996, Heineken rachète Adelshoffen et Fisher avant de les fermer respectivement en 2000 et 2009. En 2022, le géant néerlandais annonce la fermeture prochaine de la brasserie de l’Espérance, fondée en 1746 et rachetée en 1972.
En un sens, l’histoire de Meteor est d’abord l’histoire d’une famille. Ce sentiment prédomine quand on met les pieds dans ce qui était autrefois la maison familiale, et qu’une impressionnante timeline nous guide à travers le passé de l’entreprise, donnant plus l’impression de faire face à l’arbre généalogique de la famille Metzger-Haag.
Après avoir appartenu aux familles Klein, Arth et Ebel aux 17e et 18e siècles, la brasserie de Hochfelden est rachetée le 1er avril 1844 par Martin Metzger, un brasseur strasbourgeois de 26 ans.
Son décès soudain vingt ans plus tard laisse l’entreprise à sa femme, Barbe Caroline Herrmann, et leur fils Alfred Metzger. Mais c’est le 7 octobre 1898, quand la fille d’Alfred, Louise Metzger, épouse Louis Haag, que leur union, qui est aussi l’union de deux brasseries alsaciennes, mène à l’entreprise que l’on connaît aujourd’hui.
Louis Haag arrive à Hochfelden en tant que descendant de la brasserie Ingwiller, fondée en 1795 par Jean-Joseph Haag, le quinquisaïeul d’Edouard Haag.
Appelé Le Grand Mariage, l’événement se retrouve partout dans la maison, aux travers de photos des mariés, du certificat de mariage original et même du menu de la réception. Les invités s’y sont fait servir du homard, de la dinde truffée et du cerf avec des accords de vin et de champagne, mais pas de bière.
Louis Haag, l’arrière grand-père d’Edouard Haag, est probablement la figure la plus importante de la brasserie. Dans l’ancienne maison familiale, son bureau a été conservé tel quel afin que les visiteurs puissent l’explorer. Depuis 2016, la Villa Meteor propose une expérience touristique dans les plus anciens bâtiments de la brasserie.
Dans le bureau, tout a été intelligemment mis en scène pour donner l’impression que Louis Haag vient juste de quitter la pièce. Une sonnerie de téléphone laissée sans réponse, des documents sur le bureau attendant d’être signés et la Gymnopédie No.1 d’Erik Satie jouant en fond sonore.
Le lourd craquement du parquet massif ajoute un je-ne-sais-quoi à l’ambiance, alors qu’on imagine Louis Haag faire les cents pas dans son bureau ou se tenant devant l’imposante fenêtre, face au jardin. C’est d’ici qu’il avait pris l’habitude de partager les informations importantes à ses salariés.
Louis Haag a pris deux décisions majeures qui ont façonné la brasserie telle qu’on la connaît aujourd’hui. La première en choisissant le nom Meteor en 1925, alors que les patronymes sont passés de mode, les brasseries ont besoin d’un nom plus marquant. “Meteor” est choisi pour sa modernité, tout en étant compréhensible aussi bien en Français qu’en Allemand.
Avec ce nouveau nom, c’était aussi la naissance d’un logo iconique, la météorite dorée—il n’est pas rare de croiser dans les rues de Hochfelden des habitants portant une casquette ou un t-shirt Meteor, ou de repérer un parasol floqué du logo dans un jardin. Considérée vieillotte, la météorite disparaît en 1988 au profit d’un M majuscule, avant de faire son grand retour en 2015.
Mais ce nom est aussi une référence à la passion de la famille Haag pour l’astronomie. Aujourd’hui, la brasserie aide au financement de Fripon (Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network), un projet dont le but est de tracer l’origine des matériaux extraterrestres tombant sur la Terre. Une caméra du programme est d’ailleurs installée sur le toit de la brasserie.
La météorite dorée a aussi retrouvé le chemin des portes des restaurants de Hochfelden et du secteur.
Au restaurant Au Boeuf, à Schwindratzheim, le choix le plus populaire est la traditionnelle choucroute alsacienne. Naturellement, le gérant recommande de l’associer avec une pinte de Meteor Pils.
“Meteor c’est notre fierté local; ça apporte beaucoup d’emploi pour les gens ici,” dit-il.
Meteor Pils représente 40% de la production de la brasserie. C’est la fierté de Meteor et la deuxième contribution de Louis Haag à l’entreprise.
Meteor Pils est généralement le premier choix de quiconque met les pieds dans la taproom de la villa, située dans l’ancienne salle de stockage à charbon. Les clients y sont accueillis par un sacré personnage : Mickaël Le Bardinier.
Depuis l’ouverture de la Villa Meteor huit ans plus tôt, c’est lui qui accueille les visiteurs au sein de la taproom, après avoir travaillé sept ans sur une ligne de conditionnement. Il dit qu’une fois qu’on rejoint Meteor, on n’en part jamais.
Le Bardinier n’est pas son nom de famille mais son statut autoproclamé, puisqu’il est à la fois barman et jardinier des lieux.
Avant de les servir, Mickaël demande d’abord aux clients d’où ils viennent et leur remet une punaise. Sur le mur du fond, les visiteurs peuvent la planter sur un planisphère ou une carte détaillée de Hochfelden, où les gens du cru marquent l’emplacement exact de leur maison.
Avec quelque 20 000 visiteurs chaque année, les cartes doivent être remises à jour régulièrement. (Bientôt, Edouard Haag annonce que les visiteurs pourront dormir sur place dans un petit hôtel aménagé dans l’ancienne maison familiale, inhabitée depuis le décès de sa grand-mère en 2005.)
Malgré les neuf bières disponibles à la pression, allant d’une Märzen à une Witbier en passant par une IPA, Mickaël estime que la Meteor Pils est de loin celle qu’il sert le plus.
“Contrairement au reste des Français, les Alsaciens ont toujours aimé l’amertume,” pense-t-il. “Avec notre histoire avec l’Allemagne, on a plutôt été conditionné aux bières de l’Europe de l’Est.”
Il insiste pour servir la Meteor Pils, ainsi que toutes les autres bières de la gamme, avec un beau col de mousse, une autre touche locale. En dehors des terres alsaciennes, les Français sont assez réfractaires au trop plein de mousse dans leur bière.
Après s’être formé à l’école de brassage de Berlin, Louis Haag travaille pendant un an dans une brasserie tchécoslovaque. Quand il crée sa Pils en 1927, c’est en inspiration directe des Pale Lager tchèques, mais avec le très apprécié houblon alsacien, le Strisselspalt.
Michel Haag confie que le gouvernement tchèque a donné le droit à Meteor d’appeler sa bière “MeteorPils” en 1931, à condition que le nom soit suivi de la mention “Bière d’Alsace”.
La fierté alsacienne ne s’arrête pas là : Hervé Marziou estime même que la Meteor Pils doit avoir sa propre indication géographique protégée (IGP).
Morgane Bontems constate rapidement l’attachement de la brasserie à sa Pils quand elle rejoint en 2020 le service de recherche et développement. “S’il y a bien une règle, c’est qu’on ne touche pas à la Meteor Pils,” affirme-t-elle. “On peut améliorer le process, mais il ne faut pas toucher à la recette.”
Maître-brasseuse de Meteor depuis 2020, Anne-Perra-Lorioux explique qu’elle brasse la recette qu’on lui a donné à son arrivée, sans apporter aucun changement. “C’est important de respecter cette tradition, encore plus quand il n’y a aucune raison de changer une recette qui fonctionne déjà très bien.” La seule vraie modification intervient en 2010 avec l’ajout d’une petite portion de Aramis, un autre houblon alsacien, bien plus amer que le Strisselspalt.
Son cultivar a été développé par le producteur et fournisseur Hop France, dont le siège est également situé à Hochfelden. Antoine Wuchner, son directeur commercial, amène régulièrement ses clients à la Villa Meteor.
“On utilise la Meteor Pils comme une référence pour montrer la finesse de nos houblons alsaciens à nos clients internationaux,” précise-t-il. “Même si on exporte 70% de notre production, nous sommes fiers de travailler avec des brasseries alsaciennes comme Meteor, notre client avec le moins de frais de transports.”
L’Alsace représente 55% des ventes de Meteor, alors que l’exportation atteint tout juste 5% de la production, se dirigeant principalement vers le Royaume Uni, l’Italie, la Norvège, la Suède, la Corée du Sud, l’Allemagne et les États-Unis. Meteor Pils représente la majorité des exportations, souvent grâce aux expatriés alsaciens, si l'on en croit Frédérique Billard, responsable export depuis 22 ans.
“Quand un Alsacien ouvre un business à l’étranger, il nous appelle souvent car il veut servir ce qu’il connaît le mieux, la Meteor Pils. La pandémie a ralenti notre production mais on s’ouvre à de nouveaux marchés et de nouveaux États, comme la Floride.”
Toutes les personnes à qui j’ai pu parler, au sein de Meteor ou non, estiment que l’arrivée d’Edouard Haag en 2014 a changé la donne pour la brasserie. Avec un background en management d’entreprise, il commence à travailler pour Meteor en tant que directeur commercial, avant d’endosser le rôle de directeur général en 2018.
Le retour du logo Meteor en 2015, l’ouverture de la Villa Meteor en 2016 et du plus grand restaurant strasbourgeois de 1 500 m2, Le Meteor, en 2019 : tous ces projets sont initiés par Edouard Haag, même s’il aime en parler comme d’un travail d’équipe.
“La brasserie est entrée dans une phase très créative avec lui,” estime son père. “Il y a toujours eu trois conditions à ce qu’un de mes enfants reprenne l’entreprise. Il doit en avoir envie, il doit avoir les compétences pour le faire, et ça ne doit pas être un cadeau empoisonné ou un fardeau.” En d’autres termes, la brasserie doit bien se porter avant d’être transmise.
Quand je parle avec Edouard Haag, il me rapporte exactement la même chose, presque mot pour mot. “Dans la famille, on ne se considère pas comme des héritiers, mais des transmetteurs,” dit-il. “Un héritier profite de son héritage et c’est tout. Je travaille pour les générations futures, et je ne parle pas seulement de mes enfants, mais de toutes les personnes qui travaillent dans l’entreprise. On investit pour le long terme.”
Le long terme n’a jamais paru aussi littéral pour Anne Perra-Lorioux qu’à son arrivée dans l’équipe
“J’avais 33 ans quand je suis devenue la maître-brasseuse de Meteor, en remplaçant Jean-Marie Kessler qui tenait la fonction depuis 33 ans,” se souvient-elle. “Mon premier jour, Michel Haag m’a dit qu’il avait connu seulement cinq maître-brasseurs durant toute sa carrière. Il faut être à la hauteur.”
Le longévité des équipes de Meteor donne aussi lieu à des situations cocasses pour le nouveau CEO, dont l’enfance passée à la brasserie est rappelée dans la villa, où une photo le montre âgé de seulement quelques mois et habillé en tenue alsacienne traditionnelle avec un biberon rempli de bière.
“On a des gens qui partent à la retraite et ont commencé à travailler pour Meteor avant ma naissance. Certains m’ont connu enfant, me baladant dans l’entreprise. C’était mon terrain de jeu,” dit-il. Il y jouait à cache-cache avec ses frères et sœurs ou s’amusait à se faire peur en explorant les sous-sols les plus profonds de la brasserie. “Se connaître depuis si longtemps, ça crée une forme de respect mutuel.”
Edouard Haag estime que chaque génération a laissé son empreinte sur Meteor : des choix décisifs de Louis Haag à la mise en place d’importants contrôles qualité par Frédérique Haag, son grand-père, sans oublier la force de ses parents durant des années difficiles.
Quand on parle de son propre héritage, il estime que seul le futur le dira.
“Je viens avec les problématiques et les envies de ma génération, comme la question écologique, qu’on ne peut pas ignorer,” assure-t-il.
Pour réduire sa consommation énergétique, Meteor prévoit d’installer des panneaux solaires, pour couvrir 10% de ses besoins en électricité. La brasserie investit aussi 10% de ses bénéfices annuels dans l’amélioration de son matériel—une bénédiction pour l’équipe de production qui doit composer avec un tout autre héritage : la vieille machinerie.
“La plupart de nos équipements ont été récupérés à droite à gauche, rachetés à des brasseries qui ont fermé il y a 50 ans, comme le concasseur, qui était là avant ma naissance,” explique Anne Perra-Lorioux. “On investit pour diversifier nos produits et travailler avec de nouvelles matières premières. Remplacer le concasseur ça veut dire travailler avec des grains plus durs, comme le seigle, ce qu’on ne peut pas faire actuellement.”
Remplacer la salle de brassage vieille de 65 ans est aussi en discussion, puisque Meteor a bientôt atteint sa capacité de production. Bien que la brasserie aurait tout à gagner à construire un nouveau bâtiment de production ailleurs, c’est une idée inenvisageable d’après Hervé Marziou.
“Michel et Yolande se sont demandés s’ils ne devaient pas quitter Hochfelden pour construire une unité de production plus moderne, mais quitter le village c’est perdre une partie de ce qui fait Meteor”, dit-il.
Edouard Haag n’aurait pas dit mieux.
“Entre augmenter légèrement nos résultats financiers et conserver ce qui fait l’âme de Meteor, notre choix est fait”, tranche-t-il. “Si on quitte Hochfelden, Meteor ne serait plus qu’une image, et une image mal marketée.”
Il cite ensuite la scène brassicole américaine comme une source d’inspiration pour les nouveaux projets de la brasserie.
“Il y a six ans, on ne savait pas faire de dry hop ou travailler avec des fruits. Pendant longtemps notre seule bière de fermentation haute était une Hefeweizen,” détaille-t-il. “On était vu comme un peu poussiéreux, ce qui n’était pas entièrement faux. On a été chanceux d’avoir toujours eu une bonne image en Alsace, mais ça n’a pas toujours été le cas en dehors de la région.”
Puisque Meteor produit plus de 200 000 hectolitres chaque année, elle ne rentre pas dans la définition légale d’une “petite brasserie indépendante”, qui définit ce qu’est une bonne bière pour beaucoup de consommateurs français. La brasserie espère aujourd’hui laisser derrière elle l’idée que “large” veut dire “inintéressant”. Récemment, ça passe par la diversification, avec des ajouts à la gamme permanente et le lancement de brassins éphémères.
Pour son IPA, Meteor s’est associée à Hop France pour aider au développement d’un nouveau houblon expérimental, un croisement entre le Strisselspalt et le Cascade baptisé de l’anagramme Teorem. Les derniers investissements de la brasserie, les nouvelles recettes, l’accent donné au développement durable et les expérimentations sont autant de choses qui aident Meteor à changer son image auprès des amateurs de bières.
Pour Anne Perra-Lorioux, Meteor est une vraie brasserie artisanale, encore plus quand elle la compare à ses anciens employeurs, des géants de l’industrie agro-alimentaire. Mais quand elle en parle, elle utilise plutôt un terme anglais.
“Tout ce que je fais est ‘craft’ — J’ai le contrôle sur tout le process. Je peux expérimenter et faire ce que je veux,” assure-t-elle. “Le business plan de Meteor est de garder la brasserie en bonne santé pour les quatre générations à venir. Ce n’est pas le profit à court terme et ça, c’est un état d’esprit très différent.”